Agronomie

« Parlons de résistance » — Gérer les mauvaises herbes résistantes aux herbicides

Un problème est survenu, je reassaye plus tard
Weeds in field

On estime que la résistance aux herbicides coûte aux producteurs canadiens entre 1,1 et 1,5 milliard de dollars par an en raison de l'utilisation accrue d'herbicides et de la diminution du rendement et de la qualité.1

Les agriculteurs dans tout le pays continuent à faire de leur mieux pour arrêter la propagation des mauvaises herbes résistantes et préserver nos principaux outils de protection des cultures. Cependant, ils ont souvent du mal à trouver des informations précises, à jour, sur les bonnes pratiques de lutte contre les mauvaises herbes. À ce titre, les ragots et la désinformation qui inondent l’information en ligne n’aident en rien.

Pour éclairer le sujet, CropLife Canada a conçu GérerMaintenantResistance.ca. Il s’agit d’une ressource fiable. Les agriculteurs peuvent y obtenir des résultats de recherches et des conseils impartiaux et de premier ordre sur les bonnes pratiques de gestion sans les mentions habituelles reliées à des produits, ni les couleurs promotionnelles. Le comité de gestion de la résistance représentant tous les fabricants a supervisé la production de cette ressource. Des experts reconnus dans l'industrie ont examiné et commenté sur le contenu.

Notre série « Parlons de résistance » abordera la résistance aux herbicides, aux insecticides et aux fongicides. Dans la première partie, nous nous limiterons aux mauvaises herbes. Nous discuterons avec Kelly Bennett, responsable de la catégorie « herbicides » chez Corteva Agriscience™ et membre des comités de gestion de la chimie et de la résistance de CropLife. Kelly Bennett croit que nous pourrons assurer une production agricole durable pour l'avenir. Pour y arriver, il suffit que les meneurs de l’industrie et les agriculteurs canadiens continuent à travailler ensemble afin de gérer la résistance des mauvaises herbes, de protéger le rendement et la qualité des cultures.

Résistance aux herbicides : Questions—réponses avec Kelly Bennett

headshot of Kelly Bennett

En général, les agriculteurs canadiens font-ils un bon travail pour gérer la résistance aux herbicides ?

Oui, absolument. La résistance aux herbicides est une question importante et complexe. Il n’existe pas de réponse unique ni de solution miracle. La résistance, c’est le genre de problème que l'on ne peut jamais résoudre ou éliminer complètement. La tentation de baisser les bras et d'abandonner persiste toujours. Toutefois, abandonner n’est pas dans la nature des agriculteurs canadiens. Au contraire, ils ont fait de leur mieux pour garder une longueur d'avance sur le problème. Ils s’assurent que les outils dont nous disposons restent efficaces aussi longtemps que possible. 

Intitulée « La gestion de la résistance », une étude menée par Corteva voilà quelques années offrait les trois principaux points de gestion à considérer pour favoriser rentabilité et durabilité. La plupart des agriculteurs pouvaient nommer les pratiques de gestion des herbicides les plus courantes. Retenez qu’au-delà des décisions agronomiques, les producteurs agricoles décident aussi en fonction de pressions économiques liées à la gestion d'une entreprise. Je pense qu'il faut saluer leurs efforts déployés jusqu'à présent pour gérer la résistance aux herbicides. Bien sûr, il y a toujours place à amélioration. 

Pouvez-vous donner des exemples du type d'informations qui, souvent, orientent les agriculteurs dans la mauvaise direction ? 

Bien sûr. Parfois, vous verrez des références dans des articles publicitaires ou promotionnels où un produit est décrit comme ayant « plusieurs modes d'action ». Souvent, cela peut être trompeur. En effet, une matière active peut être destinée à la lutte contre les graminées et une autre à la lutte contre les dicotylédones, ou bien les matières actives individuelles ne suppriment pas les mêmes mauvaises herbes. Voilà pourquoi, chez Corteva, nous prenons des mesures pour que les informations fournies éliminent la confusion et accroissent le niveau de connaissance. Nous ne pouvons le faire sur les étiquettes des produits. Cependant, sur nos documents de soutien, nous nous efforçons d'identifier les mauvaises herbes qui font l'objet d'une suppression à multiples modes d’action afin que les agriculteurs puissent prendre leurs décisions en toute confiance. Beaucoup d'agriculteurs font ce qu'il faut en faisant de bonnes rotations (cultures et herbicides). Nous voulons qu’ils continuent. 

 

Resistance aux herbicides, bonnes pratiques de gestion (BPG) 

1. Rotation des cultures

La rotation des cultures permet la rotation des groupes d'herbicides. Cela complique la vie des mauvaises herbes pour acquérir la résistance contrairement à l'utilisation répétée d'un même mode d'action.

Faites une rotation des cultures avec des dates de semis et de récolte différentes. 


2. Mélanger et faire une rotation des herbicides

Durant une saison de croissance, faites la rotation des mélanges d'herbicides. Faites de même d'une saison à l'autre. L’utilisation d’un type de suppression simple et prévisible facilite l’acquisition de la résistance par les mauvaises herbes. Le fait d’utiliser différents mélanges et d’effectuer des rotations imprévisibles pour contrer celles-ci leur compliquent la vie. Cela crée aussi la diversité pour votre plan de culture.

Pour qu'un mélange soit vraiment à multiples modes d’action, les deux modes d'action doivent être efficaces sur les mêmes espèces de mauvaises herbes. Si vous ciblez une espèce, assurez-vous que les herbicides que vous utilisez visent cette espèce de mauvaise herbe.


3. Utiliser les doses et les moments d’application recommandés

L'utilisation de doses d'herbicides inférieures à celles indiquées sur l'étiquette peut contribuer à l’apparition de la résistance. 

Avant de traiter, effectuez un relevé des populations de mauvaises herbes. Cela vous permettra une gestion des mauvaises herbes spécifique au champ et au site. Après l’application, dépistez les champs afin de savoir dans quelle mesure vous avez réussi à lutter contre les mauvaises herbes ciblées. Il peut en résulter des économies par la réduction de l'utilisation d'herbicides.


Pour obtenir d’autres suggestions de bonnes pratiques en matière de gestion de la résistance aux herbicides, veuillez consulter le site GérerMaintenantResistance.ca

 

Pourquoi les agriculteurs devraient-ils utiliser une bonne rotation des cultures ?

crop rotation of wheat, soybeans and canola

Le fait de semer une culture différente change le moment où vous le faites. Vos pratiques de gestion de cette culture diffèrent elles aussi. Donc, pour un champ donné, le passage d’une culture à une autre modifie l'environnement pour ces parasites. Par exemple, vous semez peut-être plus tard. Vous avez plus de possibilités d'utiliser un herbicide de présemis à un moment différent, lorsque davantage de mauvaises herbes ont levé. À ce moment-là, vous en supprimez plus à une période où elles sont très sensibles. 

Ou peut-être cultivez-vous quelque chose comme du blé d'automne où vous changez vos pratiques et semez à l'automne. Dans ce cas, vous avez une culture compétitive au début du printemps. Sa concurrence éliminera certains de vos problèmes de mauvaises herbes. Ainsi, la pression des mauvaises herbes diminue. Cela s’ajoute à votre programme de gestion des mauvaises herbes. La compétitivité de la culture, le moment de la levée, la densité du couvert, tous ces éléments contribuent à la lutte contre les mauvaises herbes.

Présentement, est-ce vraiment possible pour les agriculteurs de suivre les rotations de cultures recommandées ? 

Évidemment, plus la rotation des cultures est longue, mieux c'est. Toutefois, nous sommes conscients que les producteurs agricoles canadiens gèrent une entreprise. Souvent, cela leur impose de faire des choix difficiles qui ne correspondent pas toujours aux rotations de cultures idéales. C’est donc d'autant plus important que les agriculteurs mélangent et fassent la rotation des herbicides d’une saison de culture à l’autre. C’est particulièrement important dans le cas de rotations plus serrées du canola. Il faut changer de groupes de tolérance à l’herbicide afin qu’ils soient plus éloignés les uns des autres. Bien entendu, la gestion des maladies devient également une question plus importante lorsque le canola est cultivé plus d'une fois en quatre ans.

En matière de mélange et de rotation des herbicides, quels conseils donneriez-vous aux agriculteurs qui en font l’expérience pour la première fois ? 

Je leur suggérerais de commencer à un niveau élevé de leurs rotations de cultures. La question à se poser est : « mes rotations de cultures me donnent-elles la possibilité de maximiser mes options de gestion ? » Ensuite, pensez aux pratiques de gestion qui pourraient être différentes ou identiques entre les cultures que vous semez et essayez de les changer chaque fois que cela est possible. De plus, vous devriez également effectuer un traitement de présemis avant toutes vos cultures afin de lutter contre la première poussée de mauvaises herbes et donner à votre culture le meilleur départ possible. Enfin, assurez-vous que vous utilisez un herbicide de présemis à multiples modes d’action. De nombreux agriculteurs utilisent encore le glyphosate pur en présemis. 


La bonne pratique consiste à utiliser du glyphosate avec d'autres produits herbicides pour protéger le glyphosate à long terme.

 

C'est un grand changement que vous pouvez très facilement faire aujourd'hui. Présentement, les mauvaises herbes résistantes au glyphosate ne sont pas courantes. Nous pouvons contribuer à maintenir cette situation en intensifiant la lutte au moyen de produits à multiples modes d’action, en particulier pour les mauvaises herbes à feuilles larges. Pour les mauvaises herbes graminées, il existe certaines options permettant d'inclure des produits de prélevée.


Pourquoi les agriculteurs devraient-ils utiliser les doses d'herbicides recommandées ? 

Les agriculteurs devraient toujours utiliser les doses recommandées, au meilleur moment possible. Pour la plupart des produits, il s’agit du stade allant de deux à quatre feuilles. À cette période, les mauvaises herbes n'ont pas trop poussé et sont plus faciles à supprimer. Cependant, mère Nature ne coopère pas toujours pendant la saison des pulvérisations. Voilà pourquoi vous devez vérifier vos étiquettes. Choisissez des produits qui couvrent une gamme étendue de stades de développement tant chez les mauvaises herbes que pour les cultures. De cette façon, même si la pluie vous retarde d'une semaine, vous bénéficiez du plus haut niveau de suppression sans faire de compromis. 

Quels autres conseils donneriez-vous aux agriculteurs concernant la gestion de la résistance aux herbicides ? 

L'une des clés consiste à accroître vos connaissances dans le domaine. En effet, il existe de nombreuses opinions à ce sujet. Certaines peuvent souffrir de préjugés naturels ou d'autres motifs. Donc, recoupez toujours vos informations en vérifiant plusieurs sources, profitez de ressources comme GérerMaintenantResistance.ca. Trouvez un expert local, qu'il s'agisse d'un représentant de l'industrie, d'un consultant ou de l'agronome chez un détaillant. Il peut vous donner de bons conseils. À part cela, continuez à faire de votre mieux. 

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Contactez votre représentant Pioneer à propos des semences de marque Pioneer® et visitez Corteva.ca pour trouver des solutions de pointe en matière de protection des cultures afin de gérer la résistance dans votre exploitation. 

1État de la résistance des mauvaises herbes dans l'Ouest canadien et perspectives d'avenir, Hugh J. Beckie, juin 2018